Le Conseil de surveillance annule la décision initiale de Meta sur le cas « Image représentant de la violence sexiste »

Le Conseil de surveillance a annulé la décision initiale de Meta de laisser en ligne une publication Facebook qui se moque d’une victime de violence sexiste. Bien que Meta ait reconnu que cette publication enfreint ses règles en matière d’intimidation et de harcèlement, le Conseil a remarqué qu’elles comportent une faille, car elles semblent autoriser le contenu qui normalise la violence sexiste en utilisant des propos de nature élogieuse, justificative, glorificatrice ou moqueuse pour en parler (par exemple, dans les cas où la victime n’est pas identifiable, ou que l’image représente un personnage de fiction). Le Conseil recommande à Meta d’instaurer un processus de développement politique afin de résoudre cette faille.

À propos du cas

En mai 2021, un utilisateur de Facebook en Irak a publié une photo accompagnée d’une légende en arabe. La photo montre une femme portant des traces visibles d’agression physique, notamment des hématomes sur le visage et sur le corps. La légende commence par mettre en garde les femmes sur le fait de commettre une erreur lorsqu’elles écrivent à leurs maris. Elle indique que la femme sur la photo a écrit une lettre à son mari qu’il aurait mal compris en raison d’une erreur typographique qu’elle a commise. D’après la publication, l’époux pensait que sa femme lui demandait de lui apporter un « âne », alors qu’en réalité elle lui réclamait un « voile ». En arabe, les mots « âne » et « voile » sont similaires (« حمار » et « خمار »). La publication sous-entend que l’erreur typographique que son mari n’a pas comprise dans sa lettre est la raison pour laquelle il l’a battue. La légende déclare ensuite que cette femme a eu ce qu’elle méritait. Plusieurs emojis qui sourient et qui rigolent apparaissent tout au long de la publication.

La femme qui apparaît sur la photo est une militante syrienne dont l’image a été partagée sur les réseaux sociaux par le passé. La légende ne révèle pas son nom, mais son visage est clairement visible. La publication inclut également un hashtag utilisé dans les conversations de soutien aux femmes en Syrie.

Au mois de février 2023, un utilisateur de Facebook a signalé le contenu à trois reprises pour non-respect des Standards de la communauté en matière de violence et d’incitation de Meta. Si aucun examen n’est mené sur le contenu dans les 48 heures, le signalement est automatiquement fermé, comme dans le cas qui nous préoccupe. Le contenu est resté sur la plateforme pendant environ deux ans et n’a été soumis à aucun examen par un modérateur humain.

L’utilisateur qui a signalé le contenu a fait appel de la décision de Meta auprès du Conseil de surveillance. Le Conseil ayant sélectionné ce cas, Meta en a conclu que le contenu enfreint la politique relative à l’intimidation et au harcèlement et a supprimé la publication.

Principales observations

Le Conseil estime que la publication enfreint la politique de Meta sur l’intimidation et le harcèlement, car elle se moque des graves blessures physiques de la femme sur la photo. Elle devrait par conséquent être supprimée.

Cependant, cette publication ne constituerait pas une violation des règles de Meta en matière d’intimidation et de harcèlement si la femme concernée n’était pas identifiable ou si la même photo avait accompagné l’image d’un personnage de fiction. Le Conseil comprend en cela que les politiques existantes comportent une faille qui semble autoriser le contenu qui normalise la violence sexiste. D’après Meta, un récent processus de développement politique relatif à l’éloge des actes violents s’est fortement axé sur l’identification des éventuelles failles existantes en matière de mise en application du traitement de l’éloge de la violence sexiste en vertu de plusieurs politiques. Dans le cadre de ce processus, Meta a tenu compte de la politique relative au problème des moqueries ou des blagues sur la violence sexiste. L’entreprise a déclaré au Conseil avoir estimé que la politique sur l’intimidation et le harcèlement englobe généralement ce type de contenu. Toutefois, comme les exemples susmentionnés l’indiquent, le Conseil considère que les politiques existantes et leur mise en application ne tiennent pas nécessairement compte de l’ensemble des contenus pertinents. Ce cas éveille également des inquiétudes sur la façon dont Meta met en œuvre ses règles en matière d’intimidation et de harcèlement. Le contenu de ce cas, qui comportait la photographie d’une militante syrienne victime d’une agression physique et a fait l’objet de plusieurs signalements par un utilisateur de Facebook, n’a pas été examiné par un modérateur humain. Cela pourrait indiquer que Meta ne priorise pas ce type d’infraction dans son processus d’examen.

La décision du Conseil de surveillance

Le Conseil de surveillance a annulé la décision initiale de Meta de laisser le contenu sur la plateforme.

Le Conseil recommande à Meta de :

  • Instaurer un processus de développement politique afin d’établir une politique destinée à traiter le contenu qui normalise la violence sexiste en en faisant l’éloge, en la justifiant, en la célébrant ou en la moquant.
  • Apporter des précisions quant au fait que le terme « pathologie » énoncé dans le Standard de la communauté en matière d’intimidation et de harcèlement désigne également les « blessures physiques graves ».

Pour en savoir plus

Pour lire l’intégralité de la décision, cliquez ici.

Pour lire un résumé des commentaires publics relatifs à ce cas, cliquez sur la pièce jointe ci-dessous.

Pièces jointes

Public comments appendix

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