Le Conseil de surveillance confirme la décision de Meta dans les cas de régimes à base de jus de fruits

Le Conseil de surveillance a confirmé la décision de Meta de conserver 2 publications dans lesquelles une femme fait part de son expérience directe avec un régime composé exclusivement de jus de fruits. Le Conseil reconnaît que les 2 publications n’enfreignent pas le standard de la communauté de Facebook relatif au suicide et à l’automutilation parce qu’elles « ne donnent pas d’instructions en vue d’une perte de poids drastique et malsaine » et qu’elles ne « favorisent » pas et n’« encouragent » pas les troubles de l’alimentation. Cependant, puisque les 2 pages impliquées dans ces 2 cas participaient au Programme de monétisation pour les partenaires de Meta, le Conseil recommande à l’entreprise de restreindre les « types de contenu liés aux régimes extrêmes et nocifs » dans ses Règles de monétisation pour le contenu.

À propos des cas

Entre la fin de l’année 2022 et le début de l’année 2023, 2 vidéos ont été publiées sur la même page Facebook, qui se veut proposer du contenu consacré à la vie, à la culture et à la nourriture en Thaïlande. Dans ses 2 vidéos, une femme ayant suivi un régime uniquement à base de jus de fruits est interviewée par un homme au sujet de son expérience. Les conversations se déroulent en italien.

Dans la première vidéo, la femme affirme parvenir à mieux se concentrer, avoir une peau plus belle et un meilleur transit intestinal, être heureuse et ressentir un « feeling of lightness » (sentiment de légèreté) depuis qu’elle a commencé le régime, tout en expliquant qu’elle souffrait de problèmes de peau et que ses jambes étaient enflées auparavant. Elle parle de problèmes d’anorexie, mais indique que son poids s’est normalisé après qu’elle a perdu plus de 10 kilos en raison des modifications apportées à son alimentation. Cinq mois plus tard environ, dans la seconde vidéo, l’homme interviewe à nouveau la femme, lui demandant d’expliquer comment elle se sent près d’un an après avoir cessé de consommer autre chose que des jus de fruits. Elle répond qu’elle a l’air jeune pour son âge et qu’elle n’a plus perdu de poids, à l’exception de « four kilos of impurities » (quatre kilos d’impuretés) ; elle encourage l’homme à essayer le régime. Elle dit également qu’elle compte devenir « fruitarian » (fruitarienne) une fois son jeûne rompu, mais qu’elle envisage d’entamer un « pranic journey » (parcours pranique), ce qui signifie, selon elle, de vivre « on energy » (d’énergie) au lieu de manger et de boire régulièrement.

Au total, les 2 publications ont été vues plus de 2 millions de fois et ont été commentées plus de 15 000 fois. Les vidéos mentionnent les détails de la page Facebook de la femme, qui a enregistré une augmentation significative du nombre d’interactions après la sortie de la seconde vidéo.

Les 2 publications ont été signalées plusieurs fois pour infraction au standard de la communauté de Facebook relatif au suicide et à l’automutilation et ont donc fait l’objet d’un examen manuel, qui a déterminé qu’elles ne l’enfreignaient pas. À la suite de quoi aucune mesure n’a été prise à leur égard. Pour chaque cas, un utilisateur distinct a saisi le Conseil et fait appel de la décision de Meta.

La page Facebook du créateur de contenu sur laquelle les deux vidéos ont été publiées et la page Facebook de la femme qui apparaît dans les vidéos font toutes deux partie du Programme de monétisation pour les partenaires de Meta. Cela signifie que le créateur de contenu et, vraisemblablement, la femme interviewée gagnent de l’argent grâce aux publications sur leur page lorsque Meta diffuse des publicités sur leur contenu. Pour que ce soit le cas, les pages doivent avoir passé un contrôle d’éligibilité et le contenu doit être conforme aux Standards de la communauté et aux Règles de monétisation pour le contenu de Meta. Ces Règles interdisent certaines catégories de contenu d’être monétisées sur les plateformes de Meta, même si les contenus en question n’enfreignent pas les Standards de la communauté.

Principales observations

Le Conseil estime qu’aucune des 2 publications n’enfreint le standard de la communauté relatif au suicide et à l’automutilation parce qu’elles ne donnent pas d’« instructions en vue d’une perte de poids drastique et malsaine lorsqu’elles sont partagées avec des termes associés aux troubles alimentaires » et qu’elles ne « favorisent, n’encouragent, ne coordonnent ou ne fournissent pas d’instructions sur les troubles de l’alimentation ». Même si le Conseil fait remarquer qu’un régime composé uniquement de jus de fruits peut inclure des habitudes alimentaires qui peuvent avoir diverses conséquences sur la santé, en fonction de leur durée et de leur intensité, les vidéos ne comprenaient pas de signaux ou de références aux troubles de l’alimentation qui auraient pu être considérés comme des infractions aux règles de Meta. Même la brève mention du « pranic journey » (parcours pranique) par la femme — qui, selon le Conseil, est un régime « breatharian » (respirianique) extrême, une pratique considérée dangereuse d’un point de vue médical par les spécialistes — était de nature descriptive et ne faisait aucune référence au poids.

Bien que les plateformes de Meta doivent rester des espaces où les utilisateurs peuvent faire part de leur style de vie et de leurs expériences alimentaires, le Conseil reconnaît tout autant que les types de contenu autorisés en vertu du standard de la communauté relatif au suicide et à l’automutilation peuvent causer du tort, même s’ils ne sont pas considérés comme suffisamment dangereux pour être supprimés. Ces torts peuvent être particulièrement graves pour certaines personnes, notamment chez les adolescents, et en particulier les jeunes filles et les jeunes femmes, qui sont à risque de développer des troubles de l’alimentation. Dans ce cas, le Conseil estime que le contenu de ces vidéos fait la promotion de pratiques alimentaires qui peuvent être dangereuses dans certaines circonstances.

Le Conseil fait également remarquer qu’en dépit de la portée généralement large des Règles de monétisation pour le contenu de Meta, aucune réduction ou restriction de la monétisation n’est prévue pour les publications liées aux pratiques alimentaires, y compris celles qui parlent de régimes nocifs et extrêmes. Ainsi, le Conseil convient qu’aucune des 2 vidéos n’enfreint ces Règles. Toutefois, le Conseil recommande à Meta de modifier ces Règles pour mieux exercer ses responsabilités en matière des droits humains, compte tenu des recherches qui montrent que les personnes, en particulier les jeunes, sont vulnérables au contenu lié aux régimes nocifs.

La majorité du Conseil considère que l’omission des « types de contenu liés aux régimes extrêmes et nocifs » parmi les catégories restreintes dans les Règles de monétisation pour le contenu de Meta est manifeste et inquiétante. Alors que les spécialistes de la santé et la communication soulignent la capacité des influenceurs à utiliser des styles de narration à la première personne pour s’assurer un taux d’interactions élevé avec leur contenu — couplée à l’ubiquité des influenceurs spécialisés dans le bien-être —, il est important que Meta n’offre pas d’avantages financiers à ceux qui créent ce type de contenu. Selon une minorité du Conseil, puisque la démonétisation risque d’avoir des répercussions sur la liberté d’expression sur ces problématiques, Meta devrait chercher à savoir si la démonétisation est le moyen le moins intrusif de respecter les droits des utilisateurs vulnérables.

Pour une autre minorité du Conseil, la démonétisation est nécessaire, mais insuffisante ; elle estime que Meta devrait restreindre le contenu lié aux régimes extrêmes et nocifs aux adultes (aux personnes de plus de 18 ans) et envisager d’autres mesures, telles que l’ajout d’une étiquette au contenu, pour inclure des informations fiables sur les risques que les troubles de l’alimentation représentent pour la santé.

La décision du Conseil de surveillance

Le Conseil de surveillance confirme la décision de Meta de conserver les 2 publications.

Le Conseil recommande à Meta de :

  • Restreindre le contenu lié aux régimes extrêmes et nocifs dans ses Règles de monétisation pour le contenu afin d’éviter de conférer des avantages financiers aux influenceurs qui créent du contenu nuisible.

Pour en savoir plus

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